18 décembre 1917. Nous sommes en pleine guerre et le Congrès des États-Unis d’Amérique adopte un amendement à la Constitution qui stipule l’interdiction de « la fabrication, la vente ou le transport de produits spiritueux à l’intérieur des États-Unis […] ainsi que leur importation ou leur exportation » (cf. article les mystères du moonshine de l’est). Ce texte devient, en 1919, le 18ᵉ amendement. Est ajoutée à ce dernier, la loi Volstead qui marque le début de la Prohibition en instaurant le seuil d’alcool maximal à 0,5 % par litre.

Ces bars illégaux ont fait naître de nouveaux modes de consommation tels que les cocktails, créés afin de masquer les saveurs désagréables de l’alcool fait maison. Les propriétaires des speakeasies proposaient de combiner de l’alcool avec du soda, du gingembre, du Coca-Cola, du sucre, de la menthe, du citron, des jus de fruits et autres ingrédients. (cf. article histoire du cocktail).
L’alcool pouvait cependant être prescrit sur ordonnance. Ainsi, la chaîne de magasins Walgreens a vu ses emplacements passer de 20 à 500 en 1930 avec l’autorisation de vente d’alcool sous ordonnance médicale.
Les propriétaires se servaient de policiers mal payés pour détourner le regard, avertir des raids des agents fédéraux de la prohibition.
New York

Au plus fort de la Prohibition, à la fin des années 1920, New York compte 32 000 bars clandestins dont les plus connus sont le Cotton Club et le Stork Club. Grâce aux speakeasies de Chicago et de New York, la musique Jazz a commencé à envahir les discothèques underground de l’époque.

N’oublions pas que les années 20, ce sont les “Roaring Twenties”, en français “années rugissantes”, que nous avons aussi connu en France sous le terme des “années folles”. Cette période se traduit par une forte croissance, une consommation de masse, une insouciance générale, l’émancipation des femmes, une urbanisation accrue (apparition des 1er Skyscrapers), l’émergence de nouveaux courants artistiques (prémices du cinéma Hollywoodien)… Ce phénomène se propage également chez nous en Europe et confirme la position dominante des Etats-Unis sur la scène internationale au sortir de la guerre.
L’offre des speakeasies a rapidement évolué lorsque les femmes ont déclaré leur malaise à s’asseoir dans un bar, pas très pratique lorsque l’on porte une jupe. Les bars clandestins ont alors commencé à proposer un service à table rendant très populaire la cuisine italienne, car les propriétaires de speakeasy italo-américains servaient des plats italiens accompagnés de vin dans leur bar.
En 1930, l’alcool de contrebande rapporte 30 milliards de dollars. Mais de nos jours, perdure cette âme nostalgique des speakeasies : ambiance tamisée, canapés de velours et musique jazz sont toujours de mise dans de nombreux bars actuels en référence à cette période des années folles.
Quelques adresses sympas de speakeasy à Paris

Le Moonshiner
Pour y entrer, vous devrez traverser la micro-pizzeria Da Vito puis tirer la porte de la chambre froide et vous atterrirez dans le bar à l’ambiance jazzy et à la lumière tamisée.

L’UC61
De l’extérieur, pas un bruit… Personne ne se douterait de ce qui se passe derrière ce décor sous-marin, au cœur d’une petite rue calme, proche de l’arc de triomphe. Vous serez accueillis par des mixologues de qualité qui vous concocteront l’élixir de votre choix.

The Little Red Door
Ce lieu est reconnaissable grâce à sa petite porte rouge au 60 rue Charlot, dans le Marais. Cependant, ce n’est pas l’entrée. Vous devrez la trouver par vous-même. Un incontournable pour les amateurs de bons cocktails.

La Mezcaleria
Une véritable expérience où vous pourrez tester des alcools d’Amérique Latine travaillés en cocktail. Cette structure s’affirme même comme l’Ambassade du Mezcal à Paris !